26 mai 2013

Fut un temps des sorcières où on les brûlait ! Aujourd'hui on les congédies !

Commentaires et opinions concernant une vidéo qui a circulé sur le web et qui a fait les manchettes dans les médias la semaine dernière :

« Peu importe la situation. La/le prepose(e) n’est pas sain(e) d’esprit .. Elle/il fait peut être un burn-out ou a peut être des problèmes personnels, mais en aucun cas les bénéficiaires devraient avoir a souffrir de ces actes la! . Il y a tellement de ressources disponibles pour leur venir en aide et les prepose(e) les connaissent alors CEST impensable de croire qu’ils peuvent en arriver jusque-là! »

« C'est tellement désorganisé, c'est pathétique, est-ce que les gens qui vous mettre de la pression aimerait que leurs parents soient traités comme ça? Je suis indignée, je me demande ce qu'on peut faire pour stopper ça! »

« Bin. Moi CEST ma job.. Pis je dois dire que je sais accepter mes limites. Pis les bénéficiaires n’ont pas à payer et souffrir de maltraitance parce qu’ils n'ont pas su dire non à l'abus de pression. Ce qu'ils font la.. C'est prendre l'abus qu'ils reçoivent et le projeter sur leurs bénéficiaires... Pour ce qui est du salaire et des tâches. D’un on est loin du salaire minimum et c'est normal de faire des tâches en lien avec l'entretien ménager. C'est ce qui permet de limiter la propagation d'infection au niveau des patients... Moi tout ce que j’avais a dire a été dit... Que ce soit dans un environnement de travail public ou privé .. Nos limites sont les mêmes et si les dépassées nous poussent a posé de tels actes alors on se retire peu importe les conséquences, car je ne crois pas qu'il y ait de plus graves conséquences que celles qu'il y a maintenant que les actions visionnées sur la vidéo ont été faites. »

« Bien que la situation actuelle de plusieurs préposés(es) aux bénéficiaires soit atroce, il n'y a aucune excuse pour les comportements montrés dans ce vidéo. Ce n'est pas parce qu'on se fait mal traiter que l'on a soudainement le droit de propulser notre indignation envers autrui. Le problème que je dénonce ici repose sur l'exploitation de la vulnérabilité des ainés, notamment dans les résidences d'accueil ou dans les hôpitaux, mais il n'est certainement pas limité au contexte médical. »

« C'est criminel ! »


Comment vais-je aborder le sujet ?  Je vais l'aborder de front comme j'ai l'habitude de le faire, pas à la Mongrain en déblatérant n'importe quoi sur le dos des préposées, ne vous en déplaise...! 

Pour ceux et celles qui s'attendaient à ce que se soit ainsi, vous n'êtes pas au bon endroit. Informez-vous auprès des médias poubelles ! Mais je ne ferai pas non plus de l'aveuglement volontaire sur le sujet. Bien au contraire, je veux en parler pour souligner les effets pervers du métier de préposées. 

À chaque fois que j'entends parler de maltraitance ciblant une préposée, c'est une roche dans mon soulier. À chaque fois que je constate l'effervescence des médias et des interpellés (e)s sur une nouvelle qui échauffe les esprits, ça m'est très désagréable.  

Personne n'est à l'abri d'un geste malencontreux, voire condamnable. Je déplore ces gestes, qui n'ont aucune place dans le travail de préposée, sans compter que les familles viennent à nous en nous confiant leurs parents. Par conséquent nous devons travailler avec professionnalisme, et être digne de notre métier en nous comportant comme il se doit et en donnant l'exemple, d'autant plus que c'est nous qui choisissons ce métier. Cela nous rend davantage responsable des conséquences de nos gestes. Par contre nous ne choisissons pas les conditions dans lesquelles nous travaillons, et de ça nous n'avons aucun pouvoir sur cette situation, et ce n'est pas à nous d'en assumer les conséquences. 

Nous faisons appel à notre humanité quand nous travaillons auprès des aîné(e)s. On attend de nous que nous soyons parfaites, sans faille, toujours souriante, toujours patiente, toujours bienveillante. On nous demande d'être une mère pour leur mère, on nous demande d'être leurs enfants quand ces derniers sont absents. 

Que vous soyez ministre de la Santé, ministre du Travail ou de la Condition féminine ; que ce soit au public ou au privé ; que vous soyez de quelque parti politique ce ce soit, Libéaral ou Péquiste, parce que se sont les mêmes fonctionnaires qui ont rédigé les programmes qui sont mis en place aujourd'hui, avec les mêmes argents. Alors, je vous demande de réfléchir à cette question et d'y répondre : croyez-vous vraiment que les préposées aux bénéficiaires sont des personnes dangereuses envers celles qui sont sous leur responsabilité ? Si oui, bannissez ce métier. Sinon, demandez-vous si les conditions, dans lesquelles ce personnel travaille, correspondent aux exigences de ce métier. Et vous, qu'en est-il quand vous nous regardez soigner vos parents, faites-vous appel à votre humanité ? 

Quand nous vivons des moments difficiles, stressants, récurants, pour lesquels nous n'avons que nos collègues sur qui les évacuer, c'est décharger le problème sur un autre problème. Nous n'avons aucun soutien, aucun recours, sauf celui de nous débrouiller par nous même ! Nous n'avons pas les moyens de faire une dépression, et demander un arrêt de travail à notre employeur, car nous devenons la bête noire, ou on nous congédie simplement ! 

Politiciennes, politiciens ! Cessez de faire de l'aveuglement volontaire ! Utilisez nos taxes et nos impôts à des fins auxquels elles sont réservées, et comme il se doit. Vous savez autant que moi qu'il suffit d'une seule personne malveillante pour éclabousser tous les autres autour. Vous savez comme moi que la réputation de toute une cohorte peut être très facilement salie. Les préposées, elles, le savent parce qu'elles le vivent à cause d'une mauvaise planification des tâches et des conditions dans lesquelles elles travaillent, que vous, ministres et maîtres des lois, vous nous imposez par le biais de toute une structure complexe et sans âme ! Ne faites pas de l'aveuglement sur notre dos, en esquivant les véritables problèmes de gestion dans le milieu de la santé. Ne faites pas de l'aveuglement en considérant le seuil du salaire minimum et les bas salaires comme négligeables, parce qu'il y a d'autres portefeuilles beaucoup plus importants à gérer! 

Politiciennes et politiciens, qu'attendez-vous pour remédier aux problèmes associés au métier de préposées aux bénéficiaires, non pas à la façon judéo-chrétienne, mais en bonnes et bons gestionnaires ? Ou peut-être, attendez-vous que les Japonais finissent de mettre au point des robots-aidants, ou l'arrivée massive d'immigrantes, une autre main-d'oeuvre bon marché, pour pourvoir des postes qui se font de plus en plus nombreux par manque de relève !

Je ne suis pas sans m'imaginer la lourdeur des recommandations à vérifier, le travail gargantuesque à surmonter pour mettre en place une structure qui se tient debout, autant pour les travailleur(se)s que pour les usagé(e)s. Cela implique la bonne gestion des argents, la bonne planification et la bonne gestion des tâches, etc., afin d'accueillir le nombre grandissant de personnes vieillissantes dans la province. Mais il serait dommage d'oublier celles qui soutiennent cette structure et de faire comme si tout allait bien dans leur quotidien. Ce serait manquer totalement de perspicacité ou faire preuve de mauvaise foi. 

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