25 octobre 2012

La qualité de vie et l'état de santé des personnes âgées sont intimement liés aux conditions de travail:
 Michel Arsenault, FTQ.
MONTRÉAL, le 21 oct. 2012 /CNW Telbec/ - À quelques semaines de la publication du nouveau règlement sur la certification des résidences privées, le Syndicat québécois des employées et employés de service (SQEES-FTQ) et la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ) s'inquiètent des conséquences de ce nouveau règlement sur les conditions de travail des travailleurs et des travailleuses des résidences privées.
Pour le président de la grande centrale syndicale, Michel Arsenault, « le désengagement de l'État dans la santé est tel que des milliers de personnes sont littéralement obligées de se tourner vers les résidences privées pour se loger et pour recevoir les soins et services dont ils ont besoin. On a assisté à des fermetures de lits massives, on a encouragé le recours au privé et on se retrouve aujourd'hui à prendre soin de personnes fragiles et non autonomes dans des conditions qui frisent parfois l'indécence. On salue la nouvelle réglementation sur la certification des résidences privées, mais pas à n'importe quel prix! L'état de santé des personnes âgées dépend directement des conditions dans lesquelles leurs soins sont prodigués, et c'est à cela qu'il faut s'attaquer. »
Le président du SQEES, Jean-Pierre Ouellet, insiste : « Il y a une chose qui doit être clarifiée : on parle du droit des personnes âgées de vivre dans la dignité, c'est très bien, mais il ne faudrait jamais oublier que ce droit est intimement lié à celui des travailleurs et des travailleuses qui leur donnent des soins, c'est-à-dire le droit de travailler dans la dignité, dans des conditions de travail appropriées. C'est là tout le sens de notre campagne "Prendre soin de nous… c'est aussi pour vous».
Pour le syndicat, deux questions méritent d'être soulevées : la question de la formation obligatoire et celle de la rémunération.
La formation
« Jusqu'ici, ajoute Jean-Pierre Ouellet, l'une des réponses qui ont été avancées était d'obliger les employés à avoir de la formation nécessaire à l'accomplissement de leurs tâches. Faisant référence à certains cas de mauvais traitements, on a souvent entendu dire qu'il ne s'agissait pas de mauvaise volonté, mais plutôt d'une absence de formation. On parlait même de la formation comme de la pierre angulaire de la réforme proposée. Très bien!
Mais parler formation, c'est parler de temps et de coûts de formation. La formation sera-t-elle donnée sur le temps de travail et à la solde de l'employeur? Tout permet d'en douter. Va-t-on obliger les employés à faire leur formation en dehors de l'établissement et en dehors des heures de travail? C'est impraticable. Pour ne prendre qu'un exemple, un grand nombre de ces salariés sont des personnes immigrantes, notamment dans la grande région montréalaise et beaucoup d'entre elles ont un double emploi afin d'arriver à joindre les deux bouts. Oublions ça : si ce n'est pas sur le temps de travail, elles ne pourront pas être formées adéquatement. Même chose pour les chefs de familles nombreuses ou monoparentales… Et encore plus simple, comment quelqu'un, gagnant à peine 11,00 $ l'heure, peut-il arriver à se payer de la formation? Poser la question, c'est y répondre! »
La rémunération
Parmi les membres du SQEES travaillant dans les résidences privées, le salaire maximum moyen était de 11,85 $ en 2011. Pour beaucoup d'autres, le salaire brut se réduit au salaire minimum ou à quelques sous de plus!
Michel Arsenault précise : « C'est bien beau de parler d'équité salariale, mais quand on voit un gouvernement "déléguer" certaines de ses responsabilités dans le secteur privé sans s'assurer d'une égalité de traitement des salariés, on a un méchant problème. En 2011, une préposée aux bénéficiaires dans le secteur public gagnait 18,76 $ à l'échelon maximum, soit 58,3 % de plus que dans la moyenne maximale observée dans les résidences privées. C'est scandaleux. Et encore plus quand on sait que les préposés du secteur privé se retrouvent avec des bénéficiaires lourds, demandant des soins extrêmement pointus. »
Pour les deux dirigeants syndicaux, il est important d'envoyer un message clair, à la fois aux propriétaires des résidences et au gouvernement : « La prise en charge des personnes âgées en hébergement est une responsabilité sociale et collective. Leur assurer une vie dans la dignité passe nécessairement par la reconnaissance du fait que cette qualité de vie dépend de ceux et de celles qui veillent jour et nuit à leur quotidien et au premier chef, de leurs conditions de travail. Qu'on leur fournisse la formation dont ils ont besoin et qu'on les paie à leur juste valeur! »
Le SQEES-FTQ représente des membres partout au Québec, majoritairement dans le secteur de la santé et des services sociaux. Il est le plus grand syndicat dans le secteur des résidences privées pour personnes âgées. Il est affilié à la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec, la plus grande centrale syndicale québécoise, avec plus de 600 000 membres.
SOURCE : SYNDICAT QUEBECOIS DES EMPLOYEES ET EMPLOYES DE SERVICE, SECTION LOCALE 298 (FTQ)
Renseignements :
Sources : FTQ et SQEES
Renseignements : Jean Laverdière, FTQ 514 893-7809

23 octobre 2012

Comprendre la maltraitance pour mettre en œuvre la bientraitance !



« Devenu adulte, l’enfant maltraité jadis commencera à en faire souffrir les autres ! »  Alice Miller — la meilleure manière de changer son destin passe par la résilience ! Comprendre la maltraitance et mettre en œuvre la bientraitance !

L'envers du décor
Beaucoup d'encre à coulée et beaucoup de temps a été consacré sur le sujet de la maltraitance et l'attitude des préposées envers les personnes âgées en résidences ou en CHSLD, mais très peu d'intéressés se sont penchés sur l'envers du décor et abordés le sujet de la bientraitance. Ils préfèrent consacré leur temps à rédiger des guides sur la maltraitance. Je vais aborder un sujet qui vaut la peine que nous en parlions : comprendre la maltraitance pour mettre en œuvre la bientraitance !

La maltraitance c'est :
— Traiter une personne de façon brutale ( maltraiter sa mère).
— Traiter une personne avec cruauté, infliger des sévices (maltraiter un enfant, une femme, son épouse, une personne âgée). 
— Critiquer sévèrement  (l’opinion publique maltraite les préposées). 
— Brimer les droits ( les préposées se sentent maltraitées dans leurs droits )

D'autres expressions ou mots qui sont associés au verbe «maltraiter» et qui sont utilisés pour désigner des actions similaires : houspiller, malmener, martyriser, mettre à mal, molester, rudoyer, tourmenter, violenter, traiter avec rigueur, éprouver, secouer, attaquer, éreinter, faire le procès de, massacrer, matraquer, pourfendre, couler, s’acharner contre, cartonner, démolir, descendre, écorcher, esquinter. 

La maltraitance versus les préposées
J'aimerais souligner une situation toujours difficile à aborder, celle de préposées présumées coupables d'actes répréhensibles, voire criminels ! Si la cour condamne ces personnes, si les autorités les envoient en prison, elles sont prises en charge par un système carcéral qui s'en occupera mieux que le système de santé dans lequel se trouvent leurs victimes. L'intégrité physique et psychologique des détenues sera à tous les égards respectée. Ainsi la justice sera rendue... Si elles sont reconnues coupables, elles vont assumer leurs gestes en réclusion le temps qu'il faudra selon la gravité de leurs fautes. 

Quand la maltraitance se produit à travers le réseau des résidences privées pour aînéEs, ou des CHSD, c'est une toute la cohorte de préposées qui est salie, et pour longtemps, que les présumées responsables des ces actes soient reconnus coupables ou non de gestes intolérables. Les médias, et les communicateurs ou de communicatrices dans les réseaux sociaux auprès d'organismes consacrés aux retraitéEs et aux personnes âgées s'emparent de l'affaire et se font les choux gras de l'événement. Un métier et les centaines de milliers de personnes qui le pratiquent sont éclaboussés et une ombre opaque voile totalement leur dévouement quotidien. Ça aussi c’est de la maltraitance ! Chaque geste posé pour soigner, nourri, cajoler, peigner, nettoyer, laver, aider, écouter, consoler, chaque geste posé des centaines de fois par jour sont balayés en quelques minutes par les articles et les propos lapidaires des médias et l'avidité de leurs lectorats et leurs auditoires. Ces médiums d'information ne font jamais mention du travail colossal fait dans la générosité et le don de soi, accomplis tous les jours par des centaines de milliers de femmes.

Les causes et les conséquences des situations de maltraitance

La maltraitance c’est aussi la négligence des propriétaires
Pour devenir propriétaire, il suffisait de faire une mise de fonds, et répondre à quelques exigences qui ne concernait aucunement la gestion de service aux aînéEs, ni celle du personnel. Pourtant ces connaissances sont indispensables pour s'assurer que les employées donnent aux usagers et usagères la qualité des services attendue. L'embauche du personnel est la tâche la plus délicate à gérer dans toute d'entreprise, d’autant plus pour des services offerts aux personnes fragilisées par la maladie ou par l’âge. La gestion des services aux âinéEs n'est pas la gestion d'une usine. Mal encadrer le personnel, le sous-payer croyant faire des économies, négliger la planification des tâches ou ne pas s'en soucier donne les conséquences que nous connaissons tous! Changer les mentalités et les comportements n'est pas facile, nous préférons donc mépriser le personnel quand il ne répond pas au besoin ou à la qualité attendue. C’est est la solution la moins chère et la plus simple !

Quand le malheur arrive par la négligence des propriétaires ou par ceux qui sont trop mesquins pour appliquer les normes exigées par le ministère, ou pire, quand ces messieurs 3 %  ( réf.: le salissage... ) demande au ministre d'abaisser les normes, ça aussi c’est de la maltraitance ! Quand ces mêmes propriétaires demandent des modifications aux lois pour éviter de respecter l’équité entre certains quarts de métier, c’est de la maltraitance ! Ils ne prennent pas en compte les besoins pécuniaires de leurs préposées et ils ne peuvent imaginer qu’elles aussi se pourraient se prévaloir d’augmentation de salaire pour assumer un coût de la vie à la hausse. Pour eux, semble-t-il, ces travailleuses devaient rester à bas salaire sans exiger plus ?  

L'État n'y échappe pas 
Quand le ministère de la Santé abaisse délibérément le niveau de qualification des préposées aux bénéficiaires dans l’ensemble du réseau des services à domicile et dans les résidences privées pour aînéEs, jusqu’à en arriver à voir du personnel ayant à peine un secondaire III, ça aussi c’est de la maltraitance envers les usagés et les usagères, mais aussi envers leurs préposées. Il ne devrait y avoir d'embauche de personne non qualifiée pour travailler auprès de personnes vulnérables, malades et en perte d’autonomie. Ce faible niveau de qualification accepter dans tout le réseau privé engendre des situations où il est facile de faire des erreurs par manque de connaissances, par manque de “savoir lire” et le savoir-faire. En privant ces travailleuses de bonnes conditions de travail et en adoptant un laisser-faire envers une formation professionnelle indispensable à ces travailleuses, le gouvernement fait preuve de maltraitance.

Dévolus largement au travail relationnel, au care, les aides-soignantes et préposéEs subissent largement les problématiques relatives aux nouvelles injonctions en termes de qualité du travail, de charge de travail et d’épuisement professionnel, et ce, autant dans les organisations hospitalières et gériatriques que dans le cadre domiciliaire.

D'autres facteurs imposés à la catégorie professionnelle la plus touchée par les lésions professionnelles au Québec, dans la section de la Santé et des Services sociaux, est celle des préposées. En plus des lésions occasionnées par leur travail, il a été montré que les préposé(e)s souffrent de la forte distanciation entre une norme organisationnelle tournée vers les enjeux de temps et de quantité de travail, et une éthique personnelle, celle du prendre-soin. Cette identification au caring est d’autant plus importante qu’elle permet aux préposéEs de se valoriser face aux éventuels soupçons de maltraitance.
(Source : Résumé sur le colloque du 81e congrès de l'ACFAS, portant sur la maltraitance et les préposées aux bénéficiaires, tenu en mai dernier. )

La détresse professionnelle est tabou dans le métier de préposée. 
Nous supportons des situations de stress qui sont parfois à la limite de nos capacités, et nous semblons vivre nos impuissances face à la détérioration cognitive et psychologique des résidentEs comme si de rien n’était. ...Mais est-ce vrai ? Voici un témoignage qui démontre comment nous sommes reconnues dans la population en général : 

«  Imagine que mon chum, ainsi que sa famille, ne savait pas que ça existait des préposés aux bénéficiaires avant de me rencontrer. Ils pensaient tous qu'il n'y avait que des infirmières dans les hôpitaux et CHSLD. La famille a depuis constaté que les intervenantes les plus proches et les plus informées de l'état de la grand-mère en CHSLD étaient bien des préposés pour la plupart. »

Quand nous ne sommes pas totalement invisibles, à entendre parler de nous, nous semblons ne rien faire de nos journées, et pourtant... Voici le témoignage d’une préposée dans un CHSLD :  

« Je travaille de soir ! Cela fais 15 ans que suis PAB, avec une formation infirmière auxiliaire ! Je suis découragé de voir l’état lamentable des patients. Ils sont mal lavés, et ce par manque de préposées sur l’équipe de jour, une PAB à 8 bains a donné avant le diner, plus les changements de lit. Donc pour arriver, elles tournent les coins ronds, des oreilles encrassées, des nombrils infectés, des orteils crottés, etc. Quand je commence mon chiffre, les patients alités ne sont pas changés, ils sont détrempés, dans les selles, rougeur aux fesses ! ceux qui sont avec  le lève-personnes ne sont pas changés et ils sont debout depuis 10h am. ! Les lits sont dégelasses, et ils sont changés seulement la journée du bain. Présentement nous manquons de stock qui vient de partage, pas assez de jaquettes, de serviettes, de draps bleus, etc . »

Nous donnons l’impression, quand la fatalité survient, de vivre le décès de nos résidentEs avec quiétude...

Faux! C’est illusoire de croire que nous surmontons la mort d’unE résidentE sans broncher, mais c’est pourtant ce que nous devons faire pour continuer à nous occuper des autres résidentEs qui attendent nos soins. C’est faux de dire que nous ne réagissons pas devant les comportements désorganisés et incohérents des résidentEs qui commencent à toucher le fond dans leur maladie ou par l’usure du temps, mais nous devons taire nos réactions tout en les rassurant. C’est faux de dire que nous assumons avec flegme nos tâches quotidiennes quand la journée est faite de changement de couches-culottes nauséabondes et de nettoyage, mais nous le faisons quand même dans le calme. C’est faux de dire que nous restons de marbre quand nous entendons les propos désobligeants, ou recevons des gestes de résidentEs perturbéEs par leur maladie, mais nous les encaissons.

Derrière l’apparente assurance dont nous devons faire preuve, un important facteur négatif se démarque : l’absentéisme au travail. Une préposée accumule imperceptiblement le stress qui finit par être absorbé à travers les aléas de sa vie quotidienne et sournoisement, ces stress se transforment en maux de tête, en insomnie, en malaises de toute sorte,  d’où nos absences. La plupart du temps notre milieu de travail n’offre pas l’encadrement nécessaire en cas de détresse psychologique, et nous vivons nos impuissances isolées et dans l’indifférence. Quand nous avons la possibilité de partager nos soucis avec unE intervenantE en mesure de les recevoir et de les comprendre, nous nous considérons.

 « Une latitude décisionnelle faible constitue la contrainte psychosociale la plus fréquemment déclarée par les répondantEs (86 %). La demande psychologique élevée et la demande émotionnelle élevée affectent, quant à elles, près de 60 % des répondantEs. Viennent ensuite le déséquilibre entre les efforts fournis et la reconnaissance obtenue (54 %), le faible niveau de reconnaissance (53 %), la faible prévisibilité au travail (50 %), la combinaison d’une faible latitude décisionnelle et d’une forte demande psychologique (48 %), le faible soutien social des supérieurs (36 %) et des collègues (35 %). Seul le sens du travail demeure très élevé chez l’ensemble des intervenantEs, soit chez 97 % d’entre eux et d’entre elles. Par rapport à l’ensemble des travailleur(euse)s du Québec, les répondant(e)s des quatorze CHSLD sont significativement plus souvent exposéEs à une faible latitude décisionnelle, à une forte demande psychologique et à la combinaison de ces deux contraintes. » Ces informations proviennent d’une étude, réalisé en en mars 2002 par un groupe de chercheurEs de l’université Laval et de représentants du ministère de la Santé et des Services sociaux, et intitulés « Portrait global de l’environnement psychosocial au travail et la santé des intervenantEs de quatorze centres d’hébergement et soins de longue durée (CHSLD) de la région de Québec (réf.: http://www.csssvc.qc.ca/telechargement.php?id=126  ).

Sans aucun soutien psychologique, quand nous flanchons sous la lourdeur de notre impuissance face aux situations désespérées, comme la maltraitance entre rédientEs. Voici un autre témoignage de maltraitance partagé à une travailleuse sociale : 

«  Je ne suis plus capable de supporter le harcèlement et les attitudes de mépris envers autres résidentEs d’un petit groupe de résientEs. Ces personnes sont incapables de comprendre que certainEs souffrent d’Alzheimer et sont plus affectés que d'autres. C’est maintenant une habitude de bitcher les autres résidentEs à table. Ils-elles ne peuvent plus circuler sans se faire dire quelque chose de désagréable. Imaginez-vous, si ça m’affecte, comment ces résidentEs l’encaissent ? »

Pour d’autre c’est le désir de mourir de la part d’unE résidentE, ou encore les hallucinations qui font effet domino sur les autres, qui ne sont que des cas parmi tant d'autres.

Quand nous sommes rendus au bout du rouleau, on nous met à la porte, puisque c’est plus simple et plus économique! Nous devenons les has been du métier et nous nous questionnons encore à savoir, par quels moyens nous avions trouvé cette force qui donnait l’impression que nous accomplissions nos tâches avec détachement et flegme.

Le soutien psychologique est nécessaire dans ce métier. Il nous permet de conserver ces forces naturelles indispensables, pour accomplir avec confiance nos tâches quotidiennes. Ainsi nous serions plus nombreuses à rester à l'emploi dans ce métier, et ce, durant de nombreuses années. La présence de préposées expérimentées sur le terrain engendre, par les connaissances acquises durant ces années, des modèles rassurants et compétents.

Lors que nous devons soulever unE résidentE incapable de se lever par elle-même de sa chaise, nous l’aidons et parfois ce geste est fatal, car une blessure au dos est toujours possible. Cela se produit fréquemment, cependant beaucoup d’entre nous taisent l’incident, puisque nous savons que nous n’aurons aucun revenu si nous demandons un arrêt de travail de quelques jours, ou pire si nous nous prévalons d’un recours à la CSST. Après des semaines d’attentes, si notre requête est acceptée, nous nous trouverons à recevoir 60 % d’un salaire crève-faim, ce qui revient autour de 150 $ par semaine. Avec la CSST on ne paye pas un loyer et l’épicerie en même temps ! Cette situation est aussi de la maltraitance érigée dans un système économique qui ne tient pas compte de la réalité de certains travailleurs et travailleuses au Québec.  


L’étude menée auprès de soignants en CHSLD en Abitibi-Témiscamingue révèle que :
31 % ont été en arrêt de travail pendant l’année 2010 (pour ceux et celles qui peuvent se le permettre)
60 % ont subi de la violence physique et/ou de l’intimidation au travail
46 % vivent du stress au travail
51 % sont en situation d’épuisement professionnel (stress et fatigue)
91 % éprouvent des douleurs physiques (principalement dos et épaules)

La souffrance au travail atteint :
37 % des soignants par la violence
26 % des soignants par le stress au travail
20 % des soignants par la douleur chronique
17 % des soignants par la fatigue chronique

Selon une étude menée en Abitibi-Témiscamingue
Au cours des dernières années, Isabelle Lacharme, étudiante au doctorat en psychologie à l’UQTR, s’est intéressée aux difficultés vécues par les soignants en centre d’hébergement et de soins de longue durée (CHSLD), en Abitibi-Témiscamingue. Ses travaux de recherche lui ont permis de constater que, dans ces milieux de travail, la souffrance psychologique est omniprésente et contient des éléments de douleur physique, de stress, de fatigue et surtout, de violence.

LA BIENTRAITANCE
La bientraitance est une notion utilisée dans le domaine de l’éthique. Elle peut s'appliquer aux enfants aux personnes âgées, aux personnes handicapées, aux victimes d'accidents et de catastrophe, à des prisonniers, à des animaux domestiques d'élevage, de zoos ou cirques…

Cette notion recouvre un ensemble d'attitudes et de comportements positifs et constants de respect, de bons soins, de marques et manifestations de confiance, d'encouragement et d'aide envers des personnes ou des groupes en situation de vulnérabilité ou de dépendance (tout particulièrement les enfants, les personnes âgées, les personnes handicapées, les malades patients n'ayant plus toute leur faculté de compréhension). La bientraitance peut être de type physique, moral, financier, sexuel et psychoaffectif.

La bientraitance est une attitude qui a pour particularité de partir des besoins et des désirs de l'autre dont on s'occupe et qui est en position de vulnérabilité. La bientraitance amène donc les professionnels, et donc les institutions à s'adapter aux personnes vulnérables et non l'inverse. Cette dynamique demande donc aux institutions d'être suffisamment claires, cohérentes, congruentes et conséquentes afin de sécuriser les personnes qu'elles accueillent. La bientraitance assure une meilleure condition morale de la personne prise en charge mais également une sérénité pour le soignant. Arnaud Lefevre ( http://vimeo.com/16546617 )

Merci!

Conclusion

 La maltraitance un tabou dans nos sociétés 
Nous voyons des exemples de maltraitance tous les jours dans notre grand écran plasma sans sourciller un instant parce que nous avons perdu toute forme d'empathie, et tout sens commun touchant des valeurs comme la coopération, l’entraide, et l’honneur. Le téléjournal nous montre tous les jours des exemples de corruption, de négligence, d’abus de pouvoir, de violence envers la personne. Pourrions-nous ensemble réfléchir sur la direction que nous avons empruntée ?

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Source à consulter :

France — Excellente vidéo sur la bientraitance : Arnaud Lefevre ( http://vimeo.com/16546617 )

France — Le cas de la maltraitance est sans doute celui qui illustre le mieux la transmission générationnelle d’une pathologie.

France — Interview sur la Bientraitance dans les établissements sociaux et médico-sociaux :

France — Un article récent sur le stress au travail dans le milieu de la santé : Ce n'est pas qu'ici que ça se passe! 

Québec — Au tour des préposés aux bénéficiaires d'être à bout de souffle | ANNIE PELLETIER


Montréal — Reportage du mardi 22 octobre 2013 :Une résidence pour personnes âgées pige dans le compte de ses locataires ! Émission La facture : http://www.radio-canada.ca/emissions/la_facture/2013-2014/Reportage.asp?idDoc=317092
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11 octobre 2012

De la main-d'oeuvre bon marché!


Réponse au courriel que j’ai envoyé au ministre responsable des Aîné-e-s

Bonjour Mme Dupuis,

La présente est pour vous confirmer que nous avons bien reçu le courriel que vous avez fait parvenir, le 2 octobre dernier, à M. Réjean Hébert, ministre de la Santé et des Services sociaux. Soyez assurée que votre correspondance sera étudiée avec soin par le personnel du Cabinet du ministre à Québec et que l'on vous répondra dans les meilleurs délais.

Je vous prie d'accepter, Mme Dupuis, mes salutations sincères.

Isabelle Rodrigue, attachée politique
Bureau de Réjean Hébert
Député de Saint-François
Ministre de la Santé et des Services sociaux
Ministre responsable des Aînés
Ministre responsable de la région de l'Estrie
220, 12e Avenue Nord
Sherbrooke (Québec) J1E 2W3
  
Voici le message que j’ai envoyé au responsable des Aîné-e-s

Monsieur Réjean Hébert 

Ce message est pour vous faire part de mes interrogations sur le métier de préposé aux bénéficiaires, et par l’occasion vous faire connaître mon blogue dans lequel j’écris des textes, j’insère des informations et ma correspondance relative à ce métier. Voici un court texte que j’aimerais vous partager et que j'ai envoyé à Québec Solidaire, au secrétariat de la condition féminine et au service des relations de travail de la CSN:  
Près de 30 000 travailleurs et travailleuses en santé sont préposés aux bénéficiaires dans plus de 1 200 établissements** au Québec; que ce soit dans les centres hospitaliers, les résidences privées, ou dans les centres de soins de longue duré ou les centres d’hébergements. De ce nombre plus de 99 % sont des femmes et un pourcentage important travaille au salaire minimum (non syndiqué). 


Nous entendons parler du métier de préposé-e-s aux bénéficiaires pour dénoncer des gestes répréhensibles. Mais entendons-nous parler de ces milliers de femmes dévouées qui travaillent dans l'ombre des portes closes? Jamais! Entretenir les préjugés est beaucoup plus payant pour les médias qu’expliquer les vrais problèmes, et ils sont nombreux.

C’est bien connu, les femmes sont des aidantes naturelles, elles s’investissent déjà dans les soins donnés aux membres de leur famille, alors pourquoi offrir un salaire et des conditions de travail normalisées quand elles font ces mêmes tâches gratuitement chez elles? En observant l’état dans lequel ce trouve ce secteur d’activité, on pourrait croire que nos politiques considèrent ce métier comme une extension du genre féminin, et se ferment les yeux en reléguant cet emploi dans la case «service domestique», qui est reconnu pour être sous-payé et sans condition de travail. Cette catégorie de travailleuses est une main-d’oeuvre bon marché. Bien sûr bon nombre d’hommes travaillent aussi au salaire minimum, mais pas dans les résidences pour personnes âgées.

Quand je partage mes commentaires au personnel du ministère de la Santé on qualifie mes propos de «très louables», mais ça s'arrête là! Je désire qu’on reconnaisse le métier de préposé à sa juste valeur. Nous prenons soin des personnes âgées! Mais qui sont ces personnes? Vos pères, vos mères, vos grands-parents, vos tantes ou vos oncles. Ce sont des personnes, et non des objets qu’on place dans un endroit sûr. Ce sont vos parents, et nous en prenons soin! 

Par ailleurs, ce milieu de travail est non syndiqué dans la plus part des cas. De par sa nature, il est précaire, et n’offrant aucune sécurité d’emploi il ne facilite en rien sa syndicalisation. Les femmes qui y travaillent ne prennent pas le risque d’amorcer une démarche semblable de peur de perdre le peu qu’elles ont. D’autant plus qu’elles se sentent isolées derrière ces fameuses portes closes bardées de tabous sur la culpabilité de vouloir prendre une part équitable dans le monde du travail.  
N’est-ce pas suffisant 27 000* femmes à l’emploi dans ces résidences pour que nous puissions nous attarder à leur donner de meilleures conditions de travail?
N’est-ce pas suffisant 27 00* femmes qui rendent service à la société en prenant soin de toute une génération, dont la plupart de ces membres est fragilisée par la maladie, et leurs accorder un peu de considération?

Merci de m’avoir lu, en espérant que ma démarche ne sera pas que ronds dans l’eau. 
*Ce chiffre est approximatif puisque je n’ai pas accès aux données statistiques.
**Vieillissement de la population, état fonctionnel des personnes âgées et besoins futurs en soins de longue durée au Québec. Mars 2010