30 mai 2013


AÎNÉS | EXPLOITATION  |  PLUS D’ENQUÊTES 
à laCommission des droits de la personne

HÉLOÏSE ARCHAMBAULT @

JOURNAL DE MONTRÉAL, PUBLIÉ LE: | MISE À JOUR: 


Le nombre d’enquêtes ouvertes en lien avec l’exploitation des personnes âgées à la Commission des droits de la personne a grimpé de façon vertigineuse depuis cinq ans, passant de 11 à 104.
Au total, 104 dossiers d’enquête ont été ­ouverts au cours de l’année 2012-2013. C’est presque 10 fois plus qu’en 2007-2008, alors qu’il n’y en avait eu que 11 (voir tableau).
Plus de plaintes
«On ne chôme pas, avoue Gaétan Cousineau, le président de la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse (CDPDJ). Mais, rien ne nous surprend là-dedans.» L’exploitation des personnes âgées, qui consiste à profiter de la vulnérabilité ou de la ­dépendance, est interdite par la Charte des droits et libertés de la personne. Parmi les types d’abus, l’exploitation ­financière demeure l’un des pires problèmes. Selon M. Cousineau, la diffusion de plusieurs campagnes de sensibilisation aux abus envers les aînés depuis quelques années entraîne cette hausse du nombre d’enquêtes. «Les aînés et ceux qui travaillent auprès d’eux ont une meilleure connaissance pour ­détecter les situations, alors c’est normal qu’ils dénoncent plus», explique M. Cousineau. D’ailleurs, la ligne Aide abus aînés, mise en place en 2010, a déjà traité plus de 10 000 appels.
« La pointe de l’iceberg »
Malgré cela, les récentes statistiques ­d’enquêtes à la CDPDJ ne représentent toujours pas la réalité, selon le Regroupement provincial des comités d’usagers du Québec. «Ce n’est que la pointe de l’iceberg, lance Pierre Blain, le directeur général du réseau. Avant, on n’en parlait simplement pas. Mais ce n’est que le début.» D’ailleurs, M. Blain donne l’exemple fréquent des résidents de centres d’hébergement chaque premier jour du mois.
«Un proche vient chercher la personne et la ramène une heure après. On sait qu’ils sont ­allés au guichet automatique, mais on n’a ­aucune preuve, souligne-t-il. C’est terrible. Chaque fois que j’en parle, ça me fend le cœur.»
Presque toujours vrai
«C’est très régulier cette histoire, confirme M. Cousineau. Et en plus, la presque totalité des signalements qu’on reçoit sont fondés.» Lorsque les cas d’exploitation sont confirmés, la Commission a des recours judiciaires pour mettre fin aux abus. Selon la directrice générale adjointe du réseau FADOQ, Lyne Rémillard, le travail à faire ­demeure énorme pour enrayer ce problème. «On ne lâchera pas le morceau. On ne fait que commencer à mettre en lumière ce qui se passe, croit-elle. À force d’informer les gens, ça va avoir un effet positif à long terme.»

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