27 mai 2014

Des caméras dans les chambres des résidences : Pour ou contre ?


QUELLE JOIE

La question du jour de mon journal portait sur les caméras que les familles installent ou voudraient installer dans la chambre du CHSLD où est soigné un de leurs proches. Oui aux caméras, ont dit 78 % des 12 000 répondants.
Cela m’a mis de bonne humeur comme chaque fois que l’humanité fait un petit pas en avant, ce qui lui arrive, à l’humanité, presque tous les matins. Hop, un petit pas en avant, hop, un autre.
Ces caméras, donc.
Comme vous, je les crois indispensables pour trois raisons. Un, le vol : protéger les résidants de la rapacité des préposés syndiqués. Deux, les coups : protéger les résidants de la brutalité des préposés syndiqués.
La troisième raison, la plus importante : ces caméras favorisent le rapprochement des familles. Les nouvelles technologies, ces caméras, donc, pourvues d’un modem, permettent à tout instant de voir sa mère, en direct dans sa chambre, sur l’écran de son téléphone intelligent ou sur l’écran de son ordi, même de la télé. Plus besoin d’aller au CHSLD. De toute façon, quand t’y vas, elle ne te reconnaît pas. Et puis, il faut bien le dire même si c’est notre mère, elle ne sent pas très bon.
On peut même enregistrer les meilleurs moments de grand-maman au CHSLD pour les repasser après sa mort. Ah oui, c’est la fois où elle a recraché sa purée dans les lunettes du préposé. Qu’est-ce qu’on a ri.
***
Mais d’abord sécurité, sécurité. Protéger ces pauvres vieux contre le vol. On le sait, les CHSLD et même certaines résidences privées sont des repaires de syndiqués. D’ailleurs pas si bien payés pour des syndiqués. On ne s’étonne pas qu’ils se paient sur la bête. Tout disparaît. Les bijoux, les habits, même les piles des appareils auditifs…
Où sont tes piles, Mémé ?
Y m’les ont volées.
Je connais une préposée, la jeune quarantaine, elle vient de s’acheter un condo à Pompano, elle prend sa retraite la semaine prochaine. Avec quoi tu vas vivre, chérie ? Mon argent est fait, qu’elle m’a répondu.
Ben tiens.
Il y a aussi que les vieux se volent entre eux. J’étais chez un ami l’autre soir dont la mère est dans un CHSLD. Il va souvent la voir, je veux dire sur l’écran de son téléphone intelligent…
Là, qu’est-ce qu’elle fait ta mère ?
Elle dort. On l’a regardée dormir un moment, c’est alors que la porte s’est ouverte sur une visiteuse aux allures furtives… C’est la voisine de la chambre d’à côté, m’a soufflé mon ami, regarde, regarde, elle vient de lui voler des bonbons… Il a appelé aussitôt à la résidence. Vous faites quoi, là ? Vous êtes dans votre break, je suppose ? Pendant ce temps-là, ma mère se fait voler ses bonbons par la salope d’à côté.
Le pire, ce sont les enlèvements. Les caméras vont beaucoup aider pour réduire le nombre d’enlèvements. Quand c’est un bébé qu’on enlève, ah ben là, cinq pages dans le journal, mais un vieux… Je parie que vous n’avez jamais entendu parler des réseaux de traite de vieux dans les CHSLD. Ce sont surtout des vieilles qui sont enlevées pour servir de grand-mère à tout faire, surtout dans les pays arabes. J’ai un ami comme ça qui était en vacances en Tunisie, dans un souk, il reconnaît sa grand-mère disparue depuis longtemps. Grand-maman ! Qu’est-ce tu fais là ?
Elle ne parlait presque pu français. Qu’est-ce que ji fais ? Ji fais le couscous, ji fais le ménage, toutes ces choses-là.
***
Quand je grince, c’est que quelque chose me tue. Ce 78 % me tue. Me pue.
Il y a quelques années, une caméra cachée avait montré un préposé en train de traîner un petit vieux sur le plancher comme une poche de patates. Les médias l’avaient passé et repassé mille fois. Les préposés étaient devenus des salauds absolus. J’avais écrit une chronique pour vous rappeler que ces salauds ont les mains plongées jusqu’aux coudes dans la merde de vos parents pour 400 piasses par semaine à l’époque. Ça ne doit pas être beaucoup plus aujourd’hui. J’avais montré leur travail, le petit vieux constipé qu’il faut débonder au doigt. Le gavage des repas : une préposée pour trois pensionnaires sur une chaise à roulettes pour aller plus rapidement de l’une à l’autre, celui-là régurgite, celle-là s’étouffe, la troisième s’empiffre et à la fin défèque, venez madame, on va vous changer. Huit bénéficiaires sur dix sont en couche.
Dans ses moindres détails, et il y en avait beaucoup, la chronique avait été documentée par une préposée devenue libraire depuis peu. Denise, son nom. Elle vient juste à l’instant de me réécrire. Faudra-t-il recommencer, me dit-
elle ? Saurez-vous expliquer à 78 % de… et de… que la dernière chose à faire est de mettre une caméra dans les chambres des CHSLD ?
Expliquez-leur, M. le journaliste, que les caméras pour vérifier si les caissières proposent bien au client la carte de fidélité de leur merdique magasin, ces caméras-là, c’est Big Brother. On est rendu là. Y’a même plus de débat.
Avec les caméras dans les chambres des CHSLD, on atteindra le dernier niveau d’indignité. On ne pourra pas aller plus bas.
***
Oui aux caméras, ont dit 78 % des 12 000 répondants à la question du jour de mon journal. Cela m’a mis de bonne humeur comme chaque fois que l’humanité fait un petit pas en avant, ce qui lui arrive, à l’humanité, presque tous les matins. Hop, un petit pas en avant, hop, un autre. Quand je vais mourir, ce sont ces petits sauts-là qui vont me manquer le plus. Je suis à imaginer une urne sauteuse pourvue d’un mécanisme à ressort que l’on programmerait pour sauter tous les matins, hop, l’urne ferait un petit bond dans sa crypte et j’aurai l’impression de continuer de participer au progrès du monde avec 78 % d’entre vous.
Quelle joie.


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Si des caméras dans les cambres des résidentEs peuvent démontrer clairement à l'État et aux familles le manque de ressources des préposées dans les résidences et les CHSLD, et bien tant mieux ! Si ces mêmes caméras montrent des situations ambiguës vécues par les résidentEs ou vécues par les préposées, se sera un pas en avant vers de meilleures conditions de travail pour les préposées et une sécurité accrue pour les résidentEs. 
Une famille a-t-elle le droit de placer une caméra dans la chambre de leur mère, dans un CHSLD public, afin d'assurer sa sécurité?
C'est la question que la Cour supérieure tentera de trancher dans les jours qui viennent après qu'une famille ait posé ce geste pour s'assurer des bons soins sur leur mère.
Les détails ici : Texte complet
— Je suis d’accord avec ça je fais du bon travail et ont pourrais voir ce qu’ont subis avec certains patients

— Moi je ne suis pas d'accord, car imaginez vous , vous faire filmer pendant que le patient se fait laver ou changer de culotte !!! Il faut penser l'intimité du patient !!! Moi je suis PAB dans un Csss et je fais mon travail avec professionnalisme !!!
— J'imagine que le visionnement ne se fait qu'en cas de plainte ou de doutes sur une situation problématique. Les caméras peuvent servir autant pour les résidentEs que pour les préposées. Si on accuse une préposée de gestes malencontreux, elle peut utiliser la caméra comme moyen pour démontrer qu'elle a agi correctement. Les caméras servent dans les deux sens.
— moi je suis d’accord des fois c a peut être les patients qui son très déplaisant avec les préposées et même envers d’autres patients...
— moi qu’il y est caméra oui ou non ça m’est égal peut être justement ils verront que nous n’avons pas grand temps avec nos patients
— ils vont aussi voir comment nous faisons bien notre travail !!!

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