1 mars 2013

Beaucoup d'appelés, mais peu d'élus dans la vocation de préposée

Les nouvelles réglementations ne seront pas suffisantes pour sécuriser et améliorer la vie des aîné-e-s dans les résidences. C'est un pas en avant! Mais la marche sera encore longue avant que le système de santé pour les aîné-e-s soit bien adapté et bien rodé.

Tant et aussi longtemps que l'État ne prendra pas en compte les conditions de travail des préposées, la qualité de vie des résident-e-s ne se bonifiera pas. Des formations plus adéquates pour les préposées seront un plus pour la plupart d'entre nous et seront bien accueillies. Mais ça ne suffira pas! La signature d'un bail ou l'installation d'un mitigeur d'eau sur la tuyauterie d'un lavabo vont sécuriser l'environnement, mais n'augmentera pas la qualité la vie des résident-e-s.

Le travail des proposés est avant tout un travail de relation humaine. Le contacte chaleureux avec un-e aîné-e fait 90% du bien-être dans sa journée. Quand une résidente viens me voir et me dit qu'elle veut s'en aller chez elle, et que je lui réponds " Votre chambre est juste devant vous!" et qu'elle me répond " Comme ça je peux m'en aller à pied?", je viens d'enlever un fardeau sur ses épaules, parce que je viens de lui éviter stresse et angoisse. Ça, c'est ma réalité au quotidien! Mais combien de personnes peuvent comprendre ces détails quand on n'a jamais eu a vivre ce contexte ? Très peu, laissez-moi vous le dire. Je ne cesse d'entendre les membres des familles des résident-e-s nous dire que nous faisons du bon travail et qu'eux ne seraient pas capables de faire ce que nous faisons.

Mais ça on ne l'entend jamais dire dans les médias, on ne le voit jamais en gros titre sur les pages des journaux, on préfère dénigrer le métier. Est-ce parce que notre culture masculinisme fait en sorte d'encourager le mécontentement envers (les épouses, les mères, les aidantes, les soeurs... les femmes, ou encore) les préposées? Ou c'est seulement notre cerveau reptilien qui aime se faire des peurs? Quoi qu'il en soit et de toute évidence on choisit le dénigrement à l'encouragement! Et c'est ça que le public reçoit comme message.

Pour revenir à l'objet de mon texte, les réglementations ne suffiront pas à bonifier le travail des préposées. Leurs formations rehaussées permettra une meilleure maîtrise de leur métier, mais ne leur donnera pas plus de temps à accorder de l'attention à un-e résident-e; ne donnera pas plus de temps à se consacré aux soins d'hygiène. J'ai douze personnes à m'occuper en même temps quand vient l'heure du repas ou des T.P. (toilette partielle), ou encore le temps du couché. Quand je suis dans une chambre, à faire la toilette d'un-e résident-e, je ne veille pas sur les onze autres! Là il y a une lacune que les réglementations ne couvrent pas et ne couvrirons jamais tant et aussi longtemps que nos conditions de travail ne changeront pas, avec ou sans mitigeur!

Je remercie M. Réjean Hébert et Mme Agnès Maltais, ainsi que tous les intervenants dans la mise en oeuvre de ces réglementations et les efforts qu'ils y ont consacrés. Maintenant, je leur souhaite bon retour à leur réflexion, car le travail n'est pas terminé!

Ginette Dupuis
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Alors que la main-d'œuvre diminue au même rythme que la population vieillit, TVA Nouvelles a appris que l'Agence de la santé de Montréal lance une campagne publicitaire pour valoriser le métier méconnu de préposé aux bénéficiaires.

Plusieurs personnes qui le pratiquent estiment qu'il faut avoir la vocation pour pratiquer ce métier précieux, qui exige compassion et patience, tout en offrant des salaires parfois peu concurrentiels: ils varient entre 9 et 18 dollars l'heure. Le recrutement de personnel fiable et compétent pose donc de nombreux défis.
Déjà très exigeante, la tâche s'alourdit avec le temps, selon Monique Lebourdais, qui fait ce travail dans un centre d'hébergement pour personnes âgées depuis 19 ans. «Il y a plus de cas lourds, des gens atteints de la maladie d'Alzheimer», indique-t-elle.
Dans l'unité où Mme Lebourdais travaille, on compte deux préposées pour 17 résidents. Cette dernière aimerait tant accorder plus de temps à chacun d'entre eux, mais elle reconnaît que ce n'est pas possible. «On leur dit: ‘'Madame, je vais revenir tantôt'', mais tu le sais, dans ta tête, que tu ne reviendras pas, parce que tu n'auras pas le temps», avoue-t-elle.

Beaucoup de départs la première année

L'Agence a mis en ligne une vidéo pour expliquer la nature des tâches d'un préposé aux bénéficiaires. Mieux renseignés, les postulants savent déjà ce qui les attend dans la réalité.

«Lors de leur entrée dans les établissements, je vous dirais qu'on en perd environ 60% lors de la première année», rapporte Jeanne-Évelyne Turgeon, directrice associée aux ressources humaines à l'Agence des services sociaux.
«Ce n'est pas vrai que ne sont que des soins d'hygiène et que ce ne sont que des personnes grabataires», ajoute la directrice.
Le CSSS Dorval-Lachine-Lasalle a pour sa part créé en 2009 un programme de formation de 750 heures avec la commission scolaire Marguerite-Bourgeoys. Les préposées font des stages et savent à quoi s'attendre. Seulement 10% des finissantes et finissants abandonnent en cours de route.
Ces travailleurs, dont plusieurs sont issus des communautés culturelles, seront de plus en plus en demande, notamment sur l'immense territoire desservi par l'Agence de la santé de Montréal, où l'on compte près de 14 000 préposés.
Au total, 18% des postes ne sont pas comblés, et une bonne proportion de ceux qui le sont deviendront vacants avec les nombreux départs à la retraite prévus dans les cinq prochaines années.
D'après un reportage de Harold Gagné.