29 avril 2013

D'un ministère à l'autre

Au moins une bonne nouvelle à vous partager :

Après le courriel que j'ai envoyé au ministre de la Santé,  M. Hébert, j'ai appris que la résidence, dont j'avais fait mention dans ce courriel, a été visitée par les inspecteurs du gouvernement. Un article est paru dans le journal local et dans le Journal de Montréal. J'ai aussi appris que la journaliste qui a sorti la nouvelle continue ses recherches concernant cette résidence. Pour lire les détails : Le sallisage des préposées

C'est à suivre...

D'autre part, le directeur adjoint m'a informée que, pour mes démarches concernant nos conditions de travail,  je devais me référer aux normes du travail qui sont régies par le ministère du Travail.

Courriel envoyé à la ministre du Travail le 24 avril 2013            
Madame Maltais,
Le directeur adjoint du ministre de la Santé, M. Hébert, me recommande à vous, alors je m’exécute : 
Je veux attirer votre attention sur une situation qui perdure depuis trop longtemps et qui concerne un segment de la population active du Québec assez important pour mériter qu’on s’attarde à ses conditions de travail et par conséquent, ses conditions de vie. Je veux parler de près de 25 000 femmes qui se dévouent quotidiennement dans un travail que peu de personnes désirent faire, mais qui doit être assuré par quelqu’un, je veux parler de mon métier et des milliers de préposées aux bénéficiaires dans les résidences privées pour âgé(e)s. 
Je veux vous parler de ces femmes qui travaillent derrière des portes closes, où il est facile de les oublier quand vient le temps de bonifier les conditions de travail d’une grande part des travailleurs et des travailleuses au service de la population dans le milieu de la santé. Ces préposées, qui assument leurs tâches du mieux qu'elles le peuvent dans un cadre de travail souvent incohérent et mal définit, subissent la hargne de toute une population, encouragée par les médias, quand des erreurs se produisent lors de l’exécution de leurs tâches. 
Je veux vous parler de ces préposées avec lesquelles nous pourrions facilement confondre leurs activités avec celles de notre mère, notre soeur, avec celles d’une aidante naturelle bénévole comme on se plait à les comparer, mais qu’on dénigre afin de couvrir le manque de responsabilité ou l’aveuglement volontaire de toute une organisation, le manque de conscience d’employeurs véreux, ou encore le manque de communication, d’une hiérarchie, qui souffre souvent de snobisme, et qui laisse passer des situations à problèmes de façon récurrente. 
Ces préposées se font dénigrer, quand nous ne trouvons pas d’autre responsable, parce qu’elles font un métier qui implique des personnes que nous plaçons entre leurs mains afin qu’elles s’en occupent pour nous. Autrement dit, quand il y a maltraitance de personnes âgées, si ce ne sont pas les membres de leurs propres familles, se sont inévitablement les préposées. 
Leur travail est très facile à mépriser parce qu’il est mal connu ou pas connu du tout. D’autre part, ces préposées manquent de soutient puisque, de par notre culture, nous ne valorisons pas davantage le travail de nos mères, de nos soeurs, pour faire court, nous ne valorisons pas le travail des femmes qui s’occupent du «domestique» encore en 2013. 
Je ne surestime pas ces femmes, mais je déplore grandement le fait que leur travail soit sous-estimé.
Peu à peu, je constate que le ministère de la Santé et des Services sociaux met en place des règlements qui vont améliorer les conditions de vie et la sécurité des personnes âgées dans les résidences privées. D’autre part, ces règlements vont permettre de bonifier la qualité du travail des préposées en leur imposant un DEP en formation de préposées aux bénéficiaires. Le ministère va aussi exiger une meilleure transparence dans l’administration de ces résidences privées par leurs propriétaires, et qu’il va investir plusieurs millions de dollars pour améliorer les services donnés aux personnes âgées. 
Durant toute la période de gouvernance du Parti libéral, la situation des personnes âgées dans les résidences privées s’est dégradée à un point tel que les médias ont développé une culture de mépris envers la proie facile à atteindre, notre métier. Plus les années passaient, plus les préposées devenaient de mauvaises employées, et sans que nous n’ayons rien à dire, parce que nous n’avions pas droit à la parole, et encore moins d’écoute, nous sommes devenues les uniques responsables de maltraitance envers les personnes âgées. Et le plus déplorable encore, est que certaines d’entre nous ont commencé à y croire en encourageant le dénigrement. J’appelle cela la «culture masculiniste».   
Vous me direz peut-être « Vous attendez quoi pour vous syndiquer ? » La syndicalisation des préposées aux bénéficiaires n'est malheureusement pas pour demain. Le taux de roulement du personnel est très élevé, ce qui ne permet pas de favoriser de liens assez important pour créer une solidarité ; leur précarité est telle que peu de femmes sont prêtent à prendre le risque de se faire congédier pour avoir de meilleures conditions de travail, elles préfèrent le statu quo. Ce paradoxe engendre des conditions de travail malsaines et
maintient les préposées dans un état d'inertie. *Être travailleuses non syndiquées, c’est avoir peu de recours contre les agissements arbitraires, n'avoir aucun congé de maladie payé, aucune description de tâche, aucune reconnaissance de son ancienneté, un bas salaire et des conditions de travail précaires. De fait, des millions de travailleuses non syndiquées ont pour seule et unique protection celle, bien mince, prévue par les lois d’ordre public, telle la Loi sur les normes du travail, la Loi sur la santé et la sécurité du travail ou la Loi sur les accidents du travail et les maladies professionnelles quand on ne les congédie pas avant qu'elles puissent y recourir. 
En 2013, aujourd’hui, c’est assez ! Cela suffit le mépris du métier de préposées aux bénéficiaires et les mauvaises conditions de travail du personnel dans les résidences privées ! 
Par le biais du règlement concernant la transparence de l’administration de nos employeurs, nous allons pouvoir vérifier de combien les employeurs nous privent d’augmentation de salaire; nous allons pouvoir savoir de combien ils privent leurs résidents (e)s de services auxquels ils ont droit à l’intérieur même de leurs résidences; nous allons pouvoir calculer ce qu’ils investissent en achats de nourriture pour faire les repas des résident(e)s.
Madame Maltais, pour vous permettre de mieux vous informer sur notre métier, je vous invite à venir voir le blogue que je consacre entièrement à mon métier. Vous y trouverez des textes, des articles qui traitent des différentes facettes de ce métier, et qui peuvent vous offrir un peu plus de renseignements sur nos conditions de travail. Voici le lien : http://sante-prepose.blogspot.ca
Le jeu de balle, entre le ministère de la Santé et le vôtre, auquel je me prête ne m’indispose nullement, il me permet de voir à quel point nos élu(e)s politiques prennent en considération le travail de leurs électrices. C'est à vous, les élu(e)s, qu'incombent de faire respecter nos droits et de veiller à ce que vos électrices ne vivent pas dans la précarité, où la qualité de vie est enviable mondialement*. Nous avons les normes du travail pour garantir le minimum, ce qui est encore heureux, mais ne serait-ce trop demandé d'avoir un peu plus ? Après tout, c'est vous, les élu(e)s, qui faites la loi !
Madame, veillez acceptez mes salutations distinguées.
*Source : Économistes associés au centre droite, Godbout et Joanis ne peuvent être accusés de pratiquer un jovialisme de gauche. Ils montrent pourtant, chiffre à l’appui, que le Québec, grâce à son modèle social-démocrate, est le champion mondial de la qualité de vie. http://www.laction.com/Opinion/Louis-Cornellier/2012-02-29/article-2906503/Le-Quebec
*Source : Au bas de l'échelle : http://www.aubasdelechelle.ca/vos-droits-au-travail/iv-la-syndicalisation.html

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